Réflexions sur la lecture

LA LECTURE NUMÉRIQUE VERSUS LA LECTURE PAPIER

Avantage au livre papier

« Rien ne vaut le livre papier. Les lecteurs de livres ont de meilleures compétences en lecture que ceux qui ne lisent jamais de livre.  L’OCDE le démontre sans difficulté et ce n’est pas une découverte. Pas plus que le lien entre la position sociale et la lecture de livres. Mais qu’en est il quand les livres deviennent digitaux ?  Selon l’OCDE les lecteurs de livres papier ont de bien meilleures compétences en lecture que les lecteurs d’ouvrages digitaux. Et ils tirent beaucoup plus de plaisir de leur lecture. Une réalité nettement affirmée qui interroge. »

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PORTRAITS ET VÉCUS DE LECTEURS EN SITUATION DE SOUTIEN DANS LE CADRE DU PROJET « SILENCE, ON LIT! » Mémoire soutenu par Rachel Wyss, enseignante à l’école primaire Châtelaine de Genève dans le cadre du CAS (Certificat de formation continue) en Soutien pédagogique/2020. Direction : Carole Veuthey – Université de Genève

SILENCE, ON LIT! (SOL!) est une pratique instituée depuis plus d’une année au sein de notre école et j’ai souhaité par le biais de ce travail mieux comprendre ce qui s’y passe pour nos élèves en situation de soutien et éloignés de la culture écrite. Suivre leur cheminement dans leur rapport à la lecture, se pencher sur les effets et succès/ou non de ce dispositif en questionnant ce qui, tous les jours à 10h00, plonge toute notre école dans un silence impressionnant pour nous faire entrer ‘en lecture’… Ce travail m’a offert également la possibilité de mettre en lumière les apports de SOL! et ainsi donner une certaine visibilité au projet tant auprès des élèves que des enseignants qui ne perçoivent pas toujours la valeur ajoutée du projet, notamment pour les élèves en difficulté. Les questions d’étude ont été définies par une série de constats que la mise en place du dispositif a permis d’approfondir autour de la problématique suivante : Dans quelle mesure un dispositif comme SOL permet d’accompagner des élèves en situation de soutien dans la construction de leur identité de lecteur ?

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LES LIVRES, C’EST BON POUR LES BÉBÉS de Marie Bonnafé

Si besoin était, la lecture du livre de Marie Bonnafé ne peut que nous convaincre des bénéfices multiples de la lecture de livres dès le plus jeune âge. Marie Bonnafé est, par son métier et par son expérience, une personne autorisée à parler de ce sujet ; pourtant son approche, ni théorique ni dogmatique, privilégie la simplicité, le pragmatisme et l’accessibilité. S’appuyant sur plusieurs décennies de pratique avec des petits enfants, elle propose dans ce livre court mais très riche, le résultat de ses expériences, de ses réflexions, du travail fait à différents niveaux, professionnel et associatif, et d’études menées ici et là ;  son livre montre les bienfaits des livres sur le développement cérébral et psychique des enfants et sur leur bien-être, mais aussi sur celui des adultes et des familles. Marie Bonnafé rappelle l’importance de communiquer avec les bébés et les jeunes enfants, de leur consacrer du temps, de partager des choses et notamment des histoires, de faciliter leurs rencontres avec les livres tout en respectant leurs choix, leur fantaisie… Familiariser les jeunes enfants avec les livres, mais aussi avec les contes (qu’ils soient lus ou simplement racontés), c’est offrir à l’enfant l’accès au langage du récit, (différent du langage factuel) qui ouvre entre autres les portes de l’imaginaire ; c’est répondre au besoin fondamental de temps et d’espace de liberté, surtout chez ceux dont la famille connaît de grandes difficultés matérielles au quotidien ; c’est nourrir l’intérêt pour l’écrit qui existe chez les tout-petits et qui doit être entretenu afin qu’il ne disparaisse pas ; c’est donner à l’enfant plus de chance de jouir du monde dans lequel il vit. « Le fait de rester à l’écart de la culture écrite contribue à couper le sujet de la peinture, de la musique, du théâtre, car le livre donne aussi accès aux autres pratiques culturelles. » rappelle Marie Bonnafé.
Il est beaucoup question de temps et de plaisir partagés entre adultes et enfants, mais aussi d’humilité, de prudence et de liberté dans ces démarches ; ces échanges que sont les lectures, les contes, les récits ne doivent pas avoir un but d’enseignement, mais doivent plutôt constituer des terrains vagues dans lesquels l’enfant va pouvoir jouer, expérimenter, apprendre, être heureux, se familiariser avec les livres, avec la société, avec les autres, avec le monde imaginaire. Et si l’accoutumance à l’univers des livres et des récits facilite l’apprentissage scolaire, les enjeux de la lecture dépassent le seul cadre scolaire: « Il y a dans notre expérience une ruse : nous cherchons à étendre la diffusion de livres aux plus petits pour gagner l’ensemble du groupe familial, la fratrie, et par là le groupe social dans son entier. »
L’association Silence, On Lit ! pourrait revendiquer un tel propos.
Olivier Delahaye

 > Ed Fayard-Pluriel

LIVRES HEBDO MAGAZINE : Une enquête de Marine Durand dans Livres Hebdo Magazine fait le point sur la lecture

Si le constat de la désaffection de la lecture est unanime et persistant depuis des années, des décennies, (« les plus de 15 ans lisent de moins en moins… 62% de nos concitoyens ont lu un livre en 2018, 11 points de moins par rapport à 1988… diminution du nombre de lecteurs assidus … » ) les consciences de l’urgence de la situation et les bonnes volontés sont nombreuses à tenter de faire regagner du terrain à la lecture. Cela se traduit en initiatives associatives, éditoriales, territoriales, gouvernementales, technologiques, socio-culturelles, traditionnelles, numériques, locales, nationales ou internationales, ayant pour cibles les jeunes comme les adultes. A la lecture de cette enquête on se dit qu’il serait bon que ces acteurs aux approches si différentes mettent en commun leurs expériences pour lancer des actions communes.

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LA FABRIQUE DU CRÉTIN DIGITAL de Michel Desmurget par Danièle Sallenave et Olivier Delahaye

On ne peut que recommander la lecture du livre du docteur en neurosciences cognitives et directeur de recherche à l’Inserm, Michel Desmurget, qui publie à la fois une somme sur l’état des recherches et des études réalisées dans le monde sur l’impact de la consommation du numérique sur les jeunes et explique comment nous sommes en train d’assister non pas à l’avènement d’un nouvel humain, l’homo numericus, véritable contradiction dans les termes pour Michel Desmurget, mais d’une génération gravement atteinte dans son développement intellectuel, émotionnel, relationnel par l’omniprésence des écrans. Michel Desmurget bat en brèche des idées reçues sur le sujet, et montre quels ravages font dans ce domaine comme dans bien d’autres (le tabac, le climat, l’alcool…) la recherche effrénée du profit à tout prix, le lobbying, l’imposture d’experts qui parlent sans savoir, notre acceptation d’idées séduisantes mais peu étayées et la propagation sans contrôle par les médias d’idées erronées. Jouant à dessein sur notre croyance naïve dans les pouvoirs infinis de la technique, comme source d’un progrès et d’une amélioration continue de notre condition. Au rebours des discours fumeux, intéressés ou cyniques des uns et des autres Michel Desmurget appuie son propos sur des faits et des études dont les résultats ont été approuvés par la quasi unanimité des scientifiques. Le constat est alarmant, mais les solutions ne sont pas si compliquées. Il ne s’agit pas de refuser les bienfaits du numérique, mais d’en garder le contrôle et d’en éviter les ravages réels. La lecture de son livre est passionnante (truffée de faits, de références et d’anecdotes parfois étonnantes) et pédagogique (elle nous apprend notamment à nous méfier des « experts », à être exigeants et critiques dans nos lectures, à faire les bons choix pour le développement de nos enfants). Michel Desmurget nous rappelle que la relation humaine doit être au cœur du développement du cerveau humain, non pas au nom d’un bon sens du café du commerce, mais parce que le spécialiste qu’il est dans ce domaine sait et nous montre que tout se joue depuis la naissance entre humains, et que l’intrusion des écrans dans cette relation ou la substitution des écrans à ce lien humain sont dévastatrices, aussi bien dans l’enseignement (le milieu scolaire et universitaire) que au sein des familles. Comme pour le climat, on ne pourra pas dire que nous ne savions pas. Michel Desmurget nous le dit et nous dit que beaucoup d’autres nous le disent depuis des années. Dans son analyse du développent cérébral, le livre, le livre papier, tient une place primordiale, pour l’apprentissage de la langue, l’enrichissement du vocabulaire, le développement de la compréhension des textes et de la complexité du monde : « Au-delà des âges précoces , le langage demande bien plus que des paroles pour assurer son déploiement ; il demande des livres. » Et le langage des livres, même des livres pour enfants et des BD, est bien plus riche que celui de nos conversations quotidiennes et que celui des écrans. … « Au-delà d’un socle fondamental, oralement construit au cours des premiers âges de la vie, c’est dans les livres, et dans les livres seulement que l’enfant va pouvoir enrichir et développer pleinement son langage. » « Nous devrions apporter aux enfants, indépendamment de leur niveau, autant d’expérience de lecture qu’il est possible. […] il existe au moins une habitude partiellement malléable qui par elle-même développe des compétence – LIRE !  [… ] plus le temps d’écran est important, moins les enfants sont exposés aux bienfaits de l’écrit. »
Alors, Silence ! On lit !

> La Fabrique du crétin existe aussi en Poche > au Points-Seuil

Citations et témoignages

C’est l’histoire d’une prof doc qui n’aimait pas les livres. Est-ce le titre d’une nouvelle fiction ?

Non, c’est mon histoire. Petite fille, collégienne, lycéenne, je ne lisais pas. Je ne lisais pas avec plaisir. Je n’y trouvais aucun intérêt. Mes temps de lecture se limitaient à Okapi et aux livres imposés par les profs de français. Y avait-il un CDI dans mon collège ? Je ne le sais même pas car une chose est sûre, je ne le fréquentais pas ! Et plus ma mère me disait de lire, moins je lisais. J’ai pourtant grandi heureuse, occupant mon temps à d’autres activités. Et puis à l’âge de 20 ans, une nouvelle amie, M., dévoreuse de livres, m’a mis dans les mains un livre de poche et ce fut une belle rencontre. Je venais de découvrir le plaisir de lire ! Je me souviens de mes débuts de lectrice : les Chroniques de San Francisco lues avec passion, enchaînant les tomes avec frénésie. Depuis, je pense avoir rattrapé le temps « perdu » et 30 ans plus tard, je suis devenue une dévoreuse de livres et j’en ai fait mon métier ! J’échange toujours avec mon amie M, qui elle -sans surprise- est devenue libraire ! Alors, lorsqu’un élève m’avoue honteusement à voix basse qu’il n’aime pas lire, ou qu’il s’enorgueillit haut et fort qu’il déteste les livres, je jubile ! Mon pouvoir d’empathie est décuplé et commence alors pour moi la quête du livre qui va déclencher la découverte du plaisir de la lecture.

AC, professeur-documentaliste dans un collège en éducation prioritaire